Le conducteur du train de l’hirondelle, province du Katanga, en république du Congo a 80 mois de retard de paiement de salaire! C’est ce que j’ai appris en regardant cette magnifique émission « Les routes de l’impossible »!

 

Seriez-vous prêt à continuer à travailler en pareilles conditions ? Si vous vous demandez pourquoi il continue de travailler, la réponse est pourtant simple. Au delà des prestations qu’il fournit pour le chemin de fer congolais, il se sent investi d’une mission. Ce train a un rôle social capital dans une partie du monde pas vraiment privilégiée et démunie de moyens.

Le train de l’hirondelle, c’est toute une vie où les trafiquants, les commerçants s’organisent, guettent les opportunités, non pas celles d’être millionnaire mais de se faire un peu d’argent pour survivre. Les moyens de déplacements sont limités, les conditions très pénibles avec des infrastructures précaires et dangereuses. Se déplacer est un défi : vélo, marche, pour parcourir de très grandes distances. Le train de l’hirondelle rend ces déplacements un peu moins pénibles et permet aux familles, aux amis de se voir. Même quand il avance à du 5 à l’heure et qu’on y est serré entre poules et passagers c’est toujours moins pire qu’un vélo sans frein dans des ornières boueuses.

Le conducteur du train de l’hirondelle veille sur ses passagers, qui l’appellent papa, dans des conditions plus que délicates : la mécanique est obsolète, il faut des mois pour obtenir des pièces, les rails se dilate et les risques de déraillements sont énormes.

Le conducteur permet le lien, l’échange, la vie, l’importance de son rôle a pris le dessus sur le fait d’être reconnu et respecté par son employeur. S’il continue dans ces conditions c’est pour différentes raisons :

  • il se sent utile
  • il se sent responsable (il permet les échanges, il veille consciencieusement à la mécanique et la sécurité)
  • il est impliqué
  • les passagers lui témoignent de la reconnaissance
  • même si les trafiquants sabotent gentiment le train pour provoquer les arrêts permettant leur commerce, il n’en fait pas une affaire personnelle, sa motivation va au-delà
  • il est parvenu à s’octroyer des privilèges de la part des passagers, ils le paient de façon plus qu’informelle.

Le conducteur du train de l’hirondelle nous apprend beaucoup sur la motivation au travail!

  • L’argent n’est pas la source de motivation la plus importante dans le travail mais bien le sentiment d’utilité et d’effectuer une mission. Celle-ci va bien au delà du fait de travailler, elle prend en considération la mise en action des valeurs du travailleur.
  • Lorsque le salaire ne correspond pas à la reconnaissance attendue ou prévue du travail, le travailleur trouve d’autres moyens pour valoriser son travail.